La décision d’allaiter ma fille a été un long cheminement dans ma tête. D’une part ma mère ne nous a pas allaité, donc je n’étais pas dans la vague « dans la famille on a toute allaité », d’autre part il y a un espèce d’aura de mauvaise mère qui traine au dessus de celles qui décident de pas allaiter.
Pour moi l’allaitement est une question tout simplement personnelle et intime,
après tout il s’agit de mes seins et de mon bébé. Pourtant, quand on devient mère les seins ne deviennent plus du tout une source d’excitation, de sexualité, le truc un peu hot. En ce moment ( début juillet 2015 ) il y a en couverture du magazine Grazia une mannequin totalement topless (gros boulot de stylisme) et c’est marrant car tous les gens autour de moi regardent du coin de l’oeil cette couv’. Dans le sens où « grrrrraou des seins, c’est
sexy, mais j’assume pas trop de regarder pleinement, mais j’ai quand même envie de regarder ». Personnellement je m’en fiche, ce sont des seins, plutôt canons, et la moitié des personnes autour de moi en possède: C’EST FOU NON ??? Je ne comprends pas cette fausse pudeur, il s’agit de Grazia et non d’un magazine à tendance boulard.
C’est pourquoi je ne comprend pas cette désacralisation à partir du moment où une femme allaite. Les gens sont fascinés, se collent à côté pour regarder…. Là, les seins ne sont plus du tout tabou : les femmes qui allaitent tranquilou dans l’avion, le train, toute poitrine dehors me subjuguent. Chérie tu le sais que tu sors tes seins là ? Je veux dire : tout le monde peut venir regarder le débit ou comment ça se passe ?
Alors forcément je ne savais pas quel choix faire. Parce que j’avais trop d’avis différents et contraires de toute part. L’idée de devoir sortir mes seins en public (même si je ne suis absolument pas pudique) : bof. Même si aujourd’hui je suis maman, ça me fait toujours tout drôle quand je vois une nana allaiter dans le métro l’air de rien. Mais après on peut toujours tirer son lait. Par contre il faut le faire souvent car cela ne se conserve pas des plombes au frigo. J’avais envie aussi que le papa puisse donner des biberons, mais du coup on revient à la question de la tireuse à lait. Bon franchement, faut assumer de se tirer le lait. Je vous promet la première fois je me suis sentie comme une pucelle effarouchée. Le sein prend des formes toute bizarre et la sensation de voir son lait jaillir littéralement de sois pendant qu’on regarde top chef (en espérant que bébé ne se réveille pas avant la fin de traite) : bof bof. Arriver à maintenir une conversation d’adulte avec le plus grand stoïcisme avec son compagnon pendant qu’on se pompe le boobs : c’est pas donné à n’importe qui.
Il y a les femmes de la génération de ma grand-mère, et même aujourd’hui, qui te parlent de ce lien unique que tu partages avec ton enfant quand tu allaites. Désolée, mais je n’ai pas ressentie ça. Et en l’occurence je n’ai pas honte de le dire. Par contre j’ai super bien senti ce lien unique je partageais avec les ô combien douloureuses montées de lait, et les si sympathiques crevasses. On en parle des coussinets d’allaitement à glisser dans son soutien-gorge? Hum miam, des couches de boobs qui fuient. Ba oui, tous ces désagréments, si tu ne lis pas des magazines d’utérus en folie, de type Parents ou Famili, personne ne va oser te mettre au courant de ces trucs super cool. Moi je m’en fiche, j’ai déjà averti, que dis-je, dégoûté mes copines. Ma grand-mère quand elle m’a raconté tel une ôde à l’allaitement à quel point c’était uuuunique ce lien, elle a omis de me préciser à quel point c’était douloureux. À la maternité, le choix est une question toute relative. La tétée (terme hautement désuet à mon sens) intervient pendant que tu es encore dans les vapes de ton accouchement. La sage-femme arrive, te tripatouille et hop un bébé accroché à ton sein, un !
Mais ma fille m’a tout de suite abimé le téton : croûtes de sang direct. Du coup j’ai choisi l’allaitement mixe, un biberon sur 2 était mon lait (que je tirais), l’autre du lait maternisé (cela laissait un peu de répit à ma poitrine : parce que oui au début il y 7 bibs par jour). Je n’ai pas vraiment aimé qu’on ne me laisse pas le choix à la maternité. Enfin, si je voulais nourrir ma fille uniquement au lait maternisé je pouvais mais bonjour l’ambiance dans l’hôpital. Plusieurs fois par jour on vient te toucher les seins et les mamelons pour stimuler la montée de lait. Désolée, mais il va falloir se calmer la dessus. Est-ce que moi je vais voir des femmes que je ne connais pas pour leur appuyer sur la poitrine ? Non je ne crois pas. Bien que ce soit leur métier, ça leur semble si normal qu’elles ont perdu tout sens du savoir vivre la dessus. Et alors quand il s’agit des femmes proches de toi, qui se permettent de rediriger le mamelon bien dans la bouche de l’enfant : wtf, il n’y a que moi que ça gêne ?
J’ai allaité ma fille jusqu’à 3 mois, simplement et uniquement pour les anticorps que je pouvais lui apporter. Le seuvrage a été simple vu qu’elle avait déjà du lait maternisé dans son alimentation. Au final je n’ai pas particulièrement aimé cela, mais je suis contente de mon choix vis à vis de ma fille. Par contre l’attitude générale autour de mes seins, j’avais vraiment la pression dans cette décision.
Et vous, vos impressions?
Madi
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